Bruno Retailleau: “La France dispose de nombreux leviers pour défendre les intérêts de l’Arménie”
Le sénateur de Vendée Bruno Retailleau, auteur de la proposition de résolution visant à appliquer des sanctions à l’encontre de l’Azerbaïdjan, a accordé une interview au magazine Nouvelles d’Arménie, publiée lundi 7 novembre.
“Depuis de nombreuses années déjà, le combat pour les chrétiens d’Orient et contre le totalitarisme islamiste est au cœur de mon action. Ce combat, c’est celui du peuple arménien.
Je me suis rendu en Arménie l’année dernière. J’ai vu un peuple courageux, qui s’est battu seul contre la coalition azéri-turque, dans une forme d’indifférence. C’est la raison pour laquelle je me suis battu pour que le Sénat adopte une résolution demandant que la France reconnaisse la république du Haut-Karabakh”, dit-il.
Bruno Retailleau affirme qu’il continuera de “porter la cause de l’Artsakh”.
Selon le sénateur, “la négociation du cessez-le-feu du 9 novembre qui s’est faite sans la France a été un camouflet pour notre pays”. Il fait remarquer que la France dispose de nombreux leviers pour défendre les intérêts de l’Arménie.
“La France est coprésidente du groupe de Minsk, elle préside en ce moment même le Conseil de sécurité de l’ONU et est un membre fondateur de l’Union européenne. Autant d’instruments que nous devons utiliser. D’autant plus que la guerre en Ukraine fragilise le rôle de la Russie. Je me réjouis qu’Emmanuel Macron ait enfin décidé de mobiliser nos partenaires européens pour envoyer une mission civile en Arménie, le long de la frontière avec l’Azerbaïdjan, afin de contribuer à la délimitation des frontières et à leur respect. Faudrait-il aller plus loin, envisager des sanctions ou l’envoi sous mandat de l’ONU d’une force d’interposition ? Il ne faut rien écarter, y compris la fourniture d’armes défensives à l’Arménie pour équilibrer le rapport de force.
Je propose également à Emmanuel Macron de reprendre la proposition que nous avions faite durant l’élection présidentielle, d’organiser à Paris une conférence internationale pour l’Arménie, afin d’aborder tout autant les enjeux laissés de côté par les accords de cessez-le-feu, à savoir le statut international du Haut-Karabakh et le retour des réfugiés, ainsi que la question de la protection du patrimoine culturel et religieux du Haut-Karabakh”, note Bruno Retailleau.
“L’Europe et la France ont infligé d’énormes sanctions à la Russie après son agression de l’Ukraine – ce qu’il fallait faire – jusqu’à accepter de se passer du gaz russe. Mais qu’en est-il de la guerre qui est menée au Haut-Karabakh et de la violation de l’intégrité territoriale de l’Arménie ? L’Europe s’est, jusqu’à présent, contentée de quelques communiqués indolents de protestation qui n’ont eu aucun effet. Plus grave encore, Madame Von der Leyen s’est rendue en personne à Bakou pour annoncer et célébrer en grande pompe un nouvel accord qui doit doubler les importations de gaz azerbaïdjanais. C’est un scandale moral. L’Europe a délibérément rangé au placard les valeurs qu’elle prétend défendre en Ukraine. La souveraineté de l’Arménie vaut-elle moins que celle de l’Ukraine ? Le sang et les souffrances des Arméniens valent-ils moins que ceux des Ukrainiens ? En choisissant l’Azerbaïdjan comme fournisseur de gaz en lieu et place de la Russie, l’Europe ne fait pas seulement preuve de lâcheté et de fausseté, elle commet une immense erreur stratégique”, affirme le sénateur.
(c) 2022, Nouvelles d'Arménie | Caucase France
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