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Le Point Afrique avec AFP

Génocide en Namibie : l’opposition demande un nouvel accord avec l’Allemagne

[JURGEN BATZ / dpa Picture-Alliance via AFP]


Le chef du plus grand parti d'opposition de Namibie a déclaré mardi avoir écrit à l'Allemagne pour lui demander de renégocier l'accord sur le génocide scellé l'année dernière entre les deux gouvernements. Le dirigeant du Mouvement démocratique populaire (MDP) McHenry Venaani a indiqué à l'AFP qu'il avait écrit à la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock la semaine dernière, mais n'avait pas encore reçu de réponse.


En Namibie, l'Allemagne fut responsable de massacres des peuples indigènes Herero et Nama, ce que de nombreux historiens considèrent comme le premier génocide du XXe siècle.


Un compromis, mais pas encore une solution

En mai 2021, après plus de cinq ans d'âpres négociations, l'Allemagne a annoncé qu'elle reconnaissait avoir commis un "génocide" dans ce territoire d'Afrique australe qu'elle a colonisé entre 1884 et 1915 et a promis une aide au développement de 1,1 milliard sur trente ans, qui doit profiter aux descendants des deux tribus. L'Allemagne a souligné que cette aide serait versée sur « une base volontaire » et que l'accord n'était pas comparable à des « réparations ».


De nombreux Namibiens ont rejeté l'accord, estimant que les descendants des Herero et des Nama n'avaient pas suffisamment été impliqués dans les négociations et que le gouvernement de Windhoek avait été contraint d'accepter le texte ? présenté au parlement namibien il y a un an mais toujours pas adopté.


« Les réparations n'ont pas été reconnues comme une conséquence de l'admission du génocide », a déclaré M. Venaani, appelant l'Allemagne « à revenir à la table des négociations et à réélaborer un accord qui satisferait les deux groupes ».


Pas de rétroactivité

Les crimes commis en Namibie pendant la colonisation allemande empoisonnent depuis de nombreuses années les relations bilatérales. Les tribus herero représentent aujourd'hui environ 7 % de la population namibienne contre 40 % au début du XXe siècle. Privés de leurs terres et de leur bétail, ils s'étaient révoltés en 1904 contre les colons allemands, faisant une centaine de morts parmi ces derniers. Envoyé pour mater la rébellion, le général allemand Lothar von Trotha avait ordonné leur extermination. Les Nama s'étaient soulevés un an plus tard et subirent le même sort. Au total, au moins 60 000 Herero et environ 10 000 Nama furent tués entre 1904 et 1908.


Les forces coloniales allemandes avaient employé des techniques génocidaires : massacres de masse, exil dans le désert où des milliers d'hommes, femmes et enfants sont morts de soif, et camps de concentration comme celui tristement célèbre de Shark Island. Des ossements, en particulier les crânes de victimes, furent envoyés en Allemagne pour des expériences scientifiques à caractère racial. Le médecin Eugen Fischer, qui a officié à Shark Island et dont les écrits ont influencé Adolf Hitler, cherchait à prouver la « supériorité de la race blanche ».


La convention de l'ONU sur la prévention et la répression du crime de génocide, élaborée en 1948 après l'Holocauste, ne s'applique pas de façon rétroactive. Un tribunal fédéral de New York avait d'ailleurs rejeté en 2019 la procédure initiée par les tribus Nama et Herero, qui réclamaient réparation à l'Allemagne pour le génocide.

 

(c) 2022, Le Point Afrique

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