VIOL COMME ARME DE GUERRE : ACTION D’AMNESTY À L’AMBASSADE D’ÉTHIOPIE
Ce vendredi 25 novembre, à l’occasion de la Journée mondiale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, des militant·es d’Amnesty International se sont rendu·es au cours d’une action visuelle à l’ambassade d’Éthiopie, à Bruxelles, afin d’alerter sur l’utilisation du viol et des violences sexuelles comme arme de guerre dans le cadre du conflit au Tigré. À cette occasion, les militant·es ont tenté de remettre les quelque 15 500 signatures récoltées en Belgique demandant l’arrêt de ces graves violations des droits humains et la traduction en justice des responsables. Face au refus de l’ambassade d’ouvrir sa porte, Amnesty International fera parvenir les signatures par voie postale ou par un autre moyen en fonction d’éventuels contacts ultérieurs avec l’ambassade.
Amnesty International/Brian May
L’action a débuté à l’arrêt de métro Mérode, où les miltant·es ont déployé une grande bannière rappelant que, depuis deux ans de conflit, les femmes et les filles au Tigré subissent viols, viols en réunions et actes de tortures, tandis que d’autres portaient des panneaux reprenant des témoignages poignants de survivantes tigréennes. De là, les miltant·es, qui étaient habillé·es en noir avec un foulard violet (couleur symbolisant la lutte contre les violences faites aux femmes) sur la bouche, se sont réparti·es tout au long du chemin qui mène à l’ambassade, accompagnant au fur et à mesure la boîte contenant les 15 500 signatures de la pétition. Une fois face à l’ambassade, devant une grande bannière appelant à la fin des violences sexuelles et à la justice au Tigré, une représentante d’Amnesty International, sur un tapis violet, s’est avancée jusqu’à la porte de l’ambassade pour tenter de remettre les signatures à un·e représentant·e des autorités éthiopiennes en Belgique.
« Malgré les atrocités qui le caractérisent, le conflit au Tigré demeure largement oublié, voire ignoré. Or, ce qui s’y passe depuis deux ans est innommable, avec notamment des violences sexuelles utilisées comme arme de guerre à grande échelle, ravageant des vies et des communautés, tant du point de vue physique que psychologique. En cette Journée mondiale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, nous appelons les autorités éthiopiennes à faire cesser de toute urgence ces crimes intolérables et à mettre tout en oeuvre pour que justice et réparation soient accordées aux survivantes tigréennes », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.
Depuis le début du conflit, en novembre 2020, opposant les forces alliées au gouvernement fédéral, y compris l’armée régulière éthiopienne, aux forces affiliées au gouvernement régional du Tigré, menées par le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), de graves violations des droits humains ont été commises par les différentes parties au conflit, y compris des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, notamment des exécutions extrajudiciaires et sommaires de centaines de personnes et des violences sexuelles sur des femmes et des filles.
Ainsi, des militaires et des miliciens loyaux au gouvernement fédéral se sont livrés à des viols, des viols en réunion, de l’esclavage sexuel, des mutilations sexuelles et d’autres formes de torture à l’encontre de femmes et de filles tigréennes. Les recherches menées par Amnesty International ont montré que les violences sexuelles étaient utilisées comme une arme pour terroriser et humilier les femmes et les filles, ainsi que leur groupe ethnique.
Suite à de tels traitements, les victimes continuent de souffrir de complications physiques et psychologiques. Beaucoup ont signalé des traumatismes physiques, tandis que d’autres sont porteuses du virus de l’immuno-déficience humaine (VIH) depuis leur viol. Par ailleurs, le manque de sommeil, l’anxiété et la détresse émotionnelle sont courants chez les victimes et les membres de leur famille ayant assisté aux violences. À la souffrance et au traumatisme s’ajoute le fait que, depuis leur arrivée dans les camps pour personnes déplacées ou pour personnes réfugiées, les victimes ont reçu peu ou pas de soutien psychologique et médical.
« Si la récente signature d’un accord de paix entre le gouvernement éthiopien et le TPLF est un pas dans la bonne direction, de nombreux et graves problèmes demeurent. Le Tigré reste ainsi largement coupé du monde extérieur et les survivant·es ne reçoivent pas l’aide urgente dont il·elles ont besoin. Par ailleurs, il n’y a pas de garanties claires quant au respect de l’obligation de rendre des comptes pour les crimes commis, ce qui risque d’entraîner la répétition de telles violations. Aussi demandons-nous également la mise en place de couloirs humanitaires et un accès sans entrave aux expert·es des commissions régionales et internationales d’enquête, notamment la Commission internationale d’experts des droits de l’homme sur l’Éthiopie mandatée par les Nations unies, afin de garantir la justice pour les victimes des atrocités », conclut Philippe Hensmans.
(c) 2022, Amnesty International
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